Paroles de monégasques

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Rechercher non pas la Vérité, mais de la vérité", des témoignages pour l’histoire.

Les archives orales font entrer le témoignage individuel au rang des sources premières mises à la disposition du public pour comprendre le passé. Ces sources premières sont les matériaux bruts avec lesquels l’historien construit son analyse et son récit. Les archives orales ne sont ni moins, ni plus objectives que les autres, les écrits ou les images. Car toutes les sources sont partielles, toutes comportent une dimension de partialité car le producteur d’archives écrit, parle, photographie ou filme avec une intention.

 

Et la première tâche de l’historien demeure la critique des sources et leur confrontation quand cela est possible. La confrontation suppose la pluralité. Or, bien souvent, cette pluralité manque : d’abord, parce que les sources historiques traditionnelles demeurent dans bien des cas univoques. En effet, ces sources traditionnelles sont en majorité constituées d’archives publiques, celles produites par les entités publiques. Les archives privées, celles produites par les particuliers, les entreprises ou les associations sont trop rarement conservées. D’où une vision officielle sur la société surreprésentée dans les matériaux à la disposition des chercheurs. La source orale vient apporter l’heureuse pluralité recherchée par les historiens. Enfin, et surtout, elle ouvre la porte aux informations non écrites qui, sans la capture vidéo, étaient vouées à rester celées dans les souvenirs du porteur de mémoire et à disparaître avec lui. C’est ainsi que pour accéder aux expériences qui s’inscrivent dans le temps long, vécues par les individus, comme les pratiques professionnelles, culturelles, religieuses, linguistiques, les savoir-faire, les souvenirs d’enfance dans le cercle familial, le témoignage oral se révèle irremplaçable et sa conservation un enjeu patrimonial.

 

La valeur du témoignage comme source historique réside aussi dans la richesse de l’oralité conservée qui véhicule la manière de s’exprimer jusqu’aux intonations et aux accents, les émotions, mais aussi les silences éloquents et les stratégies d’évitement de certaines questions. Il révèle le vécu de l’individu, l’éducation reçue, les expériences, le savoir accumulé, les convictions et les engagements, les préjugés ou des ignorances aussi. Autant d’éléments à interpréter. Dans cet exercice exigeant, le chercheur en histoire contemporaine estime l’objectivité à l’aune de la sincérité.

 

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